Chapitre 20:
Tom fut tiré d’un cauchemar cette nuit là. Il se réveilla en sursaut, mêlant encore ses rêves étranges à la réalité. Lorsqu’il décolla ses couettes de son torse, il se rendit compte que la sueur humidifiait son ventre imberbe. Elle remontait en coulées chaudes dans son cou, ce qui n’accentuait guère la terreur qu’il avait eue pendant son périple imaginaire.
Combien de fois n’avait-il pas vécu ce genre de mésaventure, lorsque Morphée, capricieux, lui jouait des tours? Tom se redressa, inquiet, puis regarda autour de lui. Une pâle lueur traversait les rideaux fins, qui le coupaient du ciel étoilé.
Se redressant lentement, étendant ses bras autour de lui pour s’étirer, il jeta un œil vers le miroir, situé sur le mur en face, au dessus d’une petite table abondamment décorée d’objets en tous genres: une bonbonnière, une statuette, un flacon en cristal, un vase, une plante gaiement fleurie, mais dont les couleurs ne faisaient que noircir l’obscurité de la pièce.
D’un pas lourd, le guitariste se leva, posa un pied à terre, en enfouissant son visage dans ses mains moites. Cela faisait longtemps qu’il ne s’était pas senti si mal. Et il avait un mauvais pressentiment.
Se relevant lentement, il laissa ses pieds nus et chauds glisser sur le parquet froid, pour rejoindre l’autre côté de la pièce. S’installant devant le miroir, il attendit. La dernière fois qu’il s’était senti si mal, elle était revenue, elle, et elle lui avait mis le doigt sur ses erreurs, ses hontes, ses angoisses. Celles qu’il essayait à tout prix de garder pour lui, et lui seul.
Tom lança un long soupir, suivi d’un silence de mort. Il n’aurait su dire pourquoi l’atmosphère était si pesante à ce moment là. Il ne pouvait que constater la lourdeur de l’air qui l’oppressait. Levant la tête vers le miroir, il y contempla son reflet. Ses traits étaient marqués par l’inquiétude et la fatigue. Il avait tellement peur pour son frère. Tellement…
Chanter à sa place ne lui serait pas d’un grand secours s’il refusait obstinément de prendre le temps de se soigner. Il cèderait un jour ou l’autre. Peut-être demain, peut-être dans un mois, ou trois. Peut-être tiendrait-il encore un an. Mais il finirait par céder.
Et c’est ce qui l’inquiétait le plus en ce moment. Il sentait son frère distant. Il refoulait sa peur, lui aussi. Tom aurait tellement voulu l’aider… Mais il y avait aussi la peur de porter atteinte à son homologue. Lui dire qu’il était faible, le forcer à arrêter de chanter, peut-être que ça le rendrait plus malheureux encore que de souffrir pour apporter ce succès qui le faisait vivre, respirer, espérer.
Le regard plongé dans les yeux de son image, il contemplait ses pupilles désespérées. Il surprit même une larme sur le coin de son œil. L’essuyant du revers de la main, il sentit une douce chaleur se mêler à ses doigts crispés.
« Tom… »
La voix était tellement plus douce que ce qu’il connaissait. D’habitude plus espiègle ou arrogante, elle l’avait laissé sur une mauvaise impression, surtout après les dernières révélations qui avaient été faites à son sujet. Mais là, c’était différent. Plus que réconfortante, la voix était même aussi apaisante que celle de son frère, quand il essayait de le consoler, de calmer ses moments de peine.
« Tu es revenue… - Il le fallait ! -Pourquoi est-ce que tu me fais tout ça ? -Je ne viens pas dans l’intention de te porter malheur, tu sais. Aujourd’hui, j’ai une autre tâche à accomplir. »
Tom releva les yeux, et aperçut la brillante clarté qui se répercutait dans toute la pièce. Les yeux verts de Midona rayonnaient comme deux émeraudes perçantes au milieu du décor sombre.
« Tu en sais tellement… -Je ne sais que ce que tu avoues. -Non. Tu en sais beaucoup plus ! -Peut-être qu’à tes yeux, oui. Mais aux miens, je n’ai pas beaucoup plus de chances que toutes ces autres fans pour obtenir des informations sur vous. Je dois chercher à gauche à droite, trier les vérités des mensonges… »
Tom laissa la douce main lui caresser le visage, savourant cette délicatesse qu’il n’avait jamais trouvée que dans les doigts fins des femmes. C’était pour ça qu’il les aimait tant. Pour leur instinct maternel, qui l’aidait à oublier à quel point sa mère, à lui, lui manquait.
S’assoupissant presque sous les caresses, il soupira de bien-être, oubliant un instant toutes les inquiétudes de la vie.
« Tom. Tu m’as apporté beaucoup tu sais. -Je suis heureux que notre musique puisse te faire du bien. -Votre musique fait plus que cela, elle redonne de l’espoir, elle est cette lueur au fond du tunnel qui nous permet d‘avancer en sachant qu’un jour la lumière reviendra dans nos vies, après les épreuves. Je pense que tu es loin de te rendre compte de la portée réelle de votre musique, elle est plus que de la musique, elle est, pour beaucoup, une raison de vivre, de survivre dans un monde auquel ils ne sont pas suffisamment préparés. Sans vous beaucoup n’auraient pas survécu, sans vous beaucoup ne survivent plus……..»
Le regard de Midona s’illuminait, tandis que les mots coulaient de ses lèvres. Tom, fasciné, l’observait tandis qu’elle parlait, commençant seulement à appréhender la portée réelle de leur musique…..
« Je ne pensais…. -J’aimerais te rendre la pareille. -Si tous les fans voulaient nous rendre la pareille… »
Posant un doigt sur les lèvres du dreadeux, elle le fit taire, d’un geste tendre qui en était même affectueux. Elle seule devait savoir que derrière tous les mauvais coups dont il l’accusait, elle ne pouvait s’empêcher de lui porter beaucoup d’admiration. L’air de rien, elle s’était attachée à eux.
« Tu sais Tom, vous m’avez sauvé la vie, plus d’une fois. J’ai eu beaucoup de hauts et de bas, mais surtout des bas. C’est grâce à vous que je m’en suis sortie. Perdre sa mère, c’est l’épreuve la plus difficile que je n’ai jamais eu à traverser. Si j’ai vaincu ma peine, c’est grâce à vous. Alors, laisse-moi te sourire… »
Le guitariste redressa le menton, avant de contempler le sourire qui se profilait sur le visage de Midona.
« J’ai l’impression qu’à te voir, nous nous disons adieu. -C’est peut-être le cas, Tom. -C’est dommage, je commençais à te supporter ! »
La jeune fille étira un sourire plus large, gracieusement mis en valeur par ses yeux qui s’humidifiaient. Pris de compassion, le dreadeux lui rendit un regard plein de remerciements.
« Si à l’avenir, David te propose de réaliser ton rêve, refuse. »
Etonné, Tom interrogea son interlocutrice d’un air plutôt sceptique.
« Comment pourrais-je refuser de réaliser mon rêve ? -Il nous faut toujours une raison de vivre. Si tu satisfais toutes tes envies tout de suite, tu sombreras. Ne plus avoir envie de rien est un calvaire qui ne doit pas vous arriver. Alors, ce jour là, refuse. »
Le guitariste ne comprit pas vraiment la raison de ce conseil, mais il acquiesça tout de même d’un geste affirmatif. Un geste qui apaisa Midona, puisque son visage soulagé commença aussitôt à s’estomper, laissant Tom sur une nouvelle énigme: aujourd’hui, il ne lui était rien arrivé. Et pourtant, elle lui avait prédit quelque chose. Devait-il en tenir compte ? Ou pouvait-il l’oublier sous prétexte que les tensions entre eux avaient fini par se calmer ?
Seul l’avenir le lui dirait…
_________________
De nos rêves naissent et meurent des mondes fantastiques. La vie, l'amour, la mort se côtoient dans un semblant de réalité, Dont seule notre imagination en fixe les limites. Vivre pour rêver, rêver pour vivre.....Fanfic - Website - Forum - Myspace - Facebook - Instagram - Twitter - Teaming
|